Tentative de portait
Dresser le portrait d’un être disparu est toujours délicat, quand, en outre, cet être possédait une personnalité et des qualités hors du commun, l’exercice devient périlleux. Je m’y risque. Merci d’avance pour votre indulgence.
Oscar, dans ses dernières années, alors qu’il était à cet âge si charnière de la sortie de l’enfance, et même de l’adolescence, laissait entrevoir l’homme adulte qu’il serait devenu, déterminé, fougueux, sûr de lui, sérieux et peu enclin à se répandre en bavardages. « On n’est pas sérieux quand on a 17 ans », nous dit Rimbaud. Eh bien, si, malgré des apparences trompeuses, Oscar l’était, sérieux. Sérieux et responsable, à l’école tout d’abord, où ses résultats scolaires atteignaient bien souvent l’excellence, dans le quotidien ensuite, où il avait l’habitude de vivre seul et de gérer son emploi du temps avec une grande autonomie, en montagne, enfin où, presque toujours le plus expérimenté, il avait déjà appris à prendre sur ses épaules la responsabilité de la réalisation de courses d’ampleur avec des compères moins aguerris.
Donc, non, Oscar n’était pas un risque-tout, pas une tête brûlée, un casse-cou, qui se serait mis en danger sans lucidité.
Oui, il aimait prendre des risques, il aimait se dépasser, il aimait sans doute le frisson de se sentir « sur le fil », il était ambitieux et ne se contentait pas de réussites en demi-teinte. Il voyait grand.
Et il avait raison.
Je crois qu’il avait raison car il avait toutes les chances de son côté. Oscar était doué, doué comme je n’ai jamais vu quelqu’un l’être. En lui se trouvaient combinés un potentiel physique exceptionnel, exercé et mis à l’épreuve depuis son plus jeune âge, et une puissance de réflexion, une justesse dans l’évaluation des situations, qui lui conféraient une maturité étonnante. Le tout parfois contrôlé, parfois exalté ou sublimé, par une sensibilité très profonde, comme attentif à la moindre vibration émotionnelle.
Doté de tout cela, de son incommensurable énergie vitale et d’un appétit féroce pour la vie et la performance, avec cette passion de la montagne chevillée au corps, il était normal qu’Oscar fonce, prenne des risques, s’engage dans des voies difficiles. Dans la durée de sa courte vie, Oscar a réalisé plusieurs voies extrêmement difficiles, avec brio. La course qui fut la dernière était facile...
Oscar avait cela de fascinant, c’est qu’il faisait vivre son talent, il l’exploitait, il en jouissait, il avait appris à l’utiliser, pour de grandes entreprises, mais aussi pour la vie quotidienne, comme descendre chercher son train en VTT électrique sans frein ( !), et cela le rendait heureux. Et je crois que c’est cette faculté qui rendait Oscar si attachant, si enchanteur, pour reprendre un terme si bien choisi, utilisé par son père à ses obsèques, il enchantait la vie car son attitude pointait pour tous vers une sorte d’idéal, donner le meilleur de soi, faire ce qu’on aime...et réussir.
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