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Petit solo sans infos, le jeudi 10 mars 2022

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  Après la cordée de frères, quasi gémellaire, dans la Colère du Ciel (cascade de glace), Mathias explore ici une autre facette de l'alpinisme, le solo. Le solo et son statut si particulier parmi les alpinistes, entre tabou, fascination et quintessence ultime...   Virus, drogue dure, on appelle ça comme on veut. L’acmé de la maladie alpinistique est la pratique du solo sans topo. D’après la toubib à qui je raconte ma vie, il y a comme une symétrie avant/après la disparition d’Oscar. Donc je retombe en enfance… Donc je refais le chemin, et je suis naturellement retourné m’y frotter. Avec ce gros frisson, quelque part sur le fil entre terreur et euphorie exaltée. ça m’a pris à 15 ans, très simplement et impérativement. M’a quitté, est revenu. Il y a tout un laïus sur ce rendez-vous avec un sommet, un itinéraire, quelque chose de bien concret qui glisse doucement vers le rêve éveillé, à la faveur de la nuit. Si on ajoute au solo l’absence de (presque) toute assistance et (pres

La Colère du Ciel, cascade D+, 280m, avec Sylvain, mon frère

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 Mathias reprend la plume avec le récit d'une belle expérience en cascade de glace, discipline éphémère, que la pesanteur du harnachement et la rudesse des conditions de pratique peuvent rendre bien rébarbative...Peut-être Mathias a-t-il trouvé ici un moyen de la sublimer, via "la corde tendue", qu'il affectionne tant. En tout cas, ce fut une "première fois"... La Colère du ciel est une cascade longue d’initiation, avec deux ressauts plus raides. Peut-être que les conditions plus sèches des dernières années ont tendance à redresser le profil. Les cotations sont toujours difficiles à établir, mais lorsque la glace devient vraiment raide et qu’il faut éventuellement brocher à une main, on peut considérer qu’on est dans le 4, qu’on a quitté le domaine paisible du 3 qui permet de grimper presque exclusivement sur les crampons. Mais peu importe ici. L’objectif n’était pas difficile. Il faisait froid, on était un peu pressé après avoir tergiversé pour savoir si on

Souvenirs...la Brèche Lory en juillet 2015.

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  Dans quelques jours, Oscar aurait eu 18 ans...  Un texte pour se souvenir d’une de ses premières grandes aventures en montagne : une « traversée des Ecrins » à la sauce Mathias Schmitt, ou comment relier la Bérarde, au camping d’Ailefroide, à pied, par l’ascension du Dôme des Ecrins via la brèche Lory. De grands souvenirs. C’était en juillet 2015. L’été 2015 fut le premier grand été de haute montagne pour Oscar, l’été de son premier Mont-Blanc. Nous avions prévu une semaine au camping d’Ailefroide en juillet, pour « lancer » les vacances, et Mathias souhaitait commencer l’acclimatation de Hugo et Oscar, le Mont-Blanc serait le clou de l’été. Depuis Ailefroide, le Dôme des Ecrins comme premier « 4000 » pour Oscar, s’est imposé naturellement. Mais, pour Mathias, il était hors de question de « cuire » sur le Glacier Blanc pour un aller-retour au Dôme, grosse bavante et intérêt nul...C’est là qu’est né ce projet original d’une traversée des Ecrins, avec dépose voiture à La Bérarde, voi

La goulotte Pélissier, dimanche 19 décembre 2021.

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 Cette période que je n'aime guère, où l'effervescence pré-fêtes de Noël règne, où les jours sont si courts qu'on a parfois l'impression d'un long tunnel, il est parfois possible de la sublimer, en montagne, à la faveur de journées ensoleillées mais glaciales, magnifiques et fugaces. C'est ce qu'ont admirablement fait Mathias et Boris, au cours d'une belle sortie, "tout là-haut", à 4000m, là où la rudesse des conditions en cette saison donne tout son sens à la notion d'exigence... Je laisse la parole à Mathias. Les jours, les semaines passent. Il est là-haut, je m’en convaincs, malgré une incrédulité qui est devenu avec le temps ma marque de fabrique. Je la cultive avec persévérance. Croire, c’est céder à la pensée magique. Mais il est là haut… Et puis le solstice approche, c’est une date importante, celle où bascule le monde, vers le plus, ou vers le moins. De l’essentiel, du soleil, de la lumière. Sauter par-dessus le feu géant pour l

Pic nord des cavales, massif des Ecrins, avec l’ami Jérôme, cet automne, texte de Mathias

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  J’adore dormir dans l’espace… Camping-car minimaliste par le prix et l’équipement, mais garantie de nuits étoilées sous le fameux velum, pour deux personnes. Ce n’est pas un discours de promotion du Renault Espace, mais cette voiture m’accompagne depuis longtemps pour les approches routières. Le souvenir de l’une d’entre elles, dans les Dolomites restera gravé. Avant même de poser le pied sur la terre, de faire le premier pas sur la montagne, Oscar est là. Souvenir ému de ces 4 jours pour 4 voies magnifiques, dont la fameuse Comici aux tre cime di Lavaredo. Nous avions choisi les dolos au dernier moment, pour une fois le seul coin des Alpes où il faisait beau pendant ces vacances de Toussaint, c’était là. Fin octobre 2019, les jours étaient déjà bien courts, toutes les heures étaient consacrées à grimper, celles de nuit à relier les massifs et à récupérer. Oscar avait été magistral dans la Comici, j’en garde une photo, la photo d’un geste qui dit tout de mon garçon. Cette fois ci

Oscar et l'athlétisme

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       En plus et avant d'être un grimpeur de haut vol, Oscar était un athlète accompli.       Cette pratique, hautement exigeante et basée sur une grande polyvalence, qu'il avait débutée très tôt (6-7 ans), lui a sans doute permis d'exploiter et de révéler ses potentialités. En athlétisme, il a appris la gestion du stress, énorme lors des compétitions quand il était tout petit, la concentration dans l'effort, la répétition à l'infini d'un geste pour atteindre un degré proche de la perfection, la persévérance dans l'entraînement, et la défaite aussi. Tant de choses qui font la différence en montagne: savoir se préparer, accepter de renoncer, savoir se concentrer et donner son maximum dans un environnement à  hauts risques, savoir peaufiner sa gestuelle, pour progresser.      Tout jeune, il excellait particulièrement en lancer. Je crois bien qu'il avait remporté un prix départemental en lancer de Vortex.       Entre 9 et 15 ans environ, la plupart des com
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  Comment se souvenir? Comment ne pas oublier? Comment se souvenir sans que le chagrin, voire la colère ne l'emportent? Comment se souvenir d'Oscar sans pathos excessif, à la mesure de ce qu'il a été, et a vécu, dans sa courte vie, si dense et bien remplie? C'est pour affronter toutes ces questions, pour tenter de répondre à certaines, peut-être, que je me lance, humblement, dans la construction de ce blog. Ma seule prétention est d'y parler d'Oscar, de tenter de faire vivre une sorte de lieu virtuel où tous ceux qui l'ont connu, de près ou de loin, pourront venir jeter un oeil quand ils auront envie de penser à lui. Bien sûr, lecteurs, vos commentaires sont les bienvenus pour faire vivre ce blog et entretenir la mémoire d'Oscar.